Histoire de Mons

Il y a cent ans à Mons

Comment vivaient nos ancêtres ?

Le recensement de Mons de 1911 indique 208 foyers où vivent 688 habitants. Après une diminution jusque dans les années 1975, la population augmente et en 2015 elle est de 530 habitants répartis en 250 foyers.

Presque tous vivaient dans des fermes et travaillaient la terre. Quelques-uns exerçaient un autre métier nécessaire à la vie de tous comme maçon, menuisier, charpentier, charron, forgeron, maréchal-ferrant, sabotier, tisserand, couturière... Il y avait quelques employés de la fonction publique : les instituteurs, les cantonniers et le garde champêtre. Il y avait aussi un receveur buraliste, un bûcheron, un mécanicien à Tavagnat.

On trouvait des bistrots-épiceries dans chaque hameau (au bourg, à Bonnat et aux Rigodanches) et deux auberges au bourg : Chazal et Roubaud.

Quatre moulins, le long du Buron, fonctionnaient : trois pour la farine (« Le Retour » avec J-Victor Citerne, « Les Pacourins » avec Alexandre Fiat, « Tavagnat » avec les trois meuniers Daguillon). La force hydraulique du moulin des Gros actionnait une scierie (Joseph Michel). Au moulin Adélaïde, le dernier meunier Jean Mazellier avait cessé son activité en 1900.

Le maire était Henri Planche-Lalande (de 1908 à 1925 puis de 1929 à 1935) ; mobilisé pendant toute la guerre de 1914, c’est à l’adjoint Antoine Michel que fut déléguée la fonction de maire.

Au cours de la séance du 10 mars 1907 le Conseil Municipal décida la création d’une subdivision de sapeurs-pompiers de 25 membres, la commune venait de faire l’acquisition d’une pompe à incendie. De 1907 à 1909 le chef du Corps des pompiers était Henri Planche, puis pendant 25 ans, de 1909 à 1933, Félix Vannaire lui succéda.

Mons avait son école. Les enfants rentraient à l’école à six ans, ceux qui arrivaient à décrocher leur certificat d’études en fin de scolarité étaient presque des savants ! Les écoliers venaient en classe à pied parfois de loin, ils pouvaient apporter leurs repas de midi, il n’y avait pas de cantine.

De 1911 à 1923, les instituteurs étaient
Monsieur et Madame Chavarot (née Marie Charrint et native de Mons).
Le maître enseignait aux garçons dans l’école du bas (mairie-école) ; la maîtresse enseignait aux filles dans l’école du haut.
On ne parlait pas de TAP (temps activités périscolaires), toutefois les enfants faisaient du travail manuel pendant la classe.

Classe de Mme Chavarot (1917-1918)

Les gens n’avaient pas beaucoup de temps libre. Le dimanche était chômé, les croyants allaient à la messe dominicale qui permettait aux paroissiens de se retrouver. La vie était rythmée par la religion (Noël, Pâques, Fête patronale, Toussaint). Le curé était un notable. De 1903 à 1918, c’est l’abbé Guillaume Ducher qui dessert la paroisse de Mons, en 1911 il habite une maison aux Ferrats.

A cette époque, le cimetière se trouvait autour de l’église.

Parfois, le dimanche après-midi, les jeunes se rendaient au bal. Les hommes allaient souvent au café pour discuter devant un verre de vin - un petit rouge ! - ou pour jouer aux cartes. Chacun avait mis ses habits du dimanche.

La Guerre de 1914 a bouleversé la vie des habitants de Mons comme celle de tous les Français.

Le 2 août 1914, le tambour du garde champêtre (Jean Vallaude de Villefranche) annonce le début de la guerre. Les hommes âgés de 20 à 45 ans sont mobilisés.

Le 11 août 1914, le Conseil Municipal se réunit pour prendre les décisions nécessaires suite à la mobilisation générale. Des colis et des messages de soutien seront envoyés aux soldats au front.

Les permissions sont rares et seul le courrier permet d’avoir des nouvelles, l’inquiétude est permanente ; malgré les restrictions et l’absence des jeunes hommes, les familles font de leur mieux pour assurer le travail et apporter du réconfort à leurs "poilus".

Pendant les quatre années de guerre, ce sont 137 Monsois qui participent aux combats, 22 mourront pour la Patrie, leurs noms sont inscrits sur le monument aux morts inauguré en 1920.

Sur la commune se trouvaient les deux châteaux de Périgères et de La Presle.

Périgères

null

La Presle

null

Le château de Périgères date du 13e siècle. Il y a cent ans, les propriétaires étaient le Vicomte de Corneillan et son épouse. Il y avait un régisseur et des métayers dans le domaine.

Le château de la Presle fut construit entre 1885 et 1890 par Gilbert-Louis Le Guay. Il y a cent ans, le propriétaire était Charles Dechaux. En 1918, le château et le domaine des Laboursins furent vendus à M. et Mme Antony Mulsant.

Les routes de Mons n’étaient pas goudronnées, elles ne le furent pas avant la guerre de 1939-45.

Les gens allaient essentiellement à pied, parfois à vélo, quelques-uns utilisaient un cheval. Les routes étaient entretenues par les cantonniers. Les troupeaux marquaient de leurs bouses leur passage sur les routes !

Il y a cent ans roula à Mons la première voiture automobile.

A cette période, le Docteur Fayolle de Randan venait soigner ses malades en voiture à cheval.

Renault 6 CV à Mons

null

Avant 1900, les habitations étaient petites, en pisé, recouvertes de tuiles creuses, avec des portes et fenêtres à entourages en bois.

Les Charmes de la Fontaine

null

C’est aux environs de 1900 que l’architecture des maisons-fermes a changé.

Les bâtiments principaux, habitation et grange-étable étaient séparés dans une cour fermée par un mur coiffé de tuiles et un portail en bois ou en fer forgé. La façade principale de la maison était orientée au sud.

Chaque ferme possédait un puits (indispensable à toute exploitation) et, à proximité, l’abreuvoir des vaches dans lequel on versait les seaux d’eau.

Il y avait aussi les porcheries (les soues) qui comportaient parfois un étage utilisé comme poulailler ou comme réserve de fagots de bois.

Un hangar abritait le matériel agricole, les tombereaux, le bois de chauffage, la paille...

Derrière les bâtiments, un emplacement était réservé au "pailler", à la batteuse.

Chacun avait son jardin potager toujours protégé par un grillage. Les volailles vagabondaient à leur aise. Les prés étaient souvent entourés de haies mais non clôturés.

Les bâtiments étaient faits principalement en pisé, avec comme fondations des gros galets de l’Allier, certaines façades de maisons étaient en pierre. La toiture de la maison était à quatre pentes, souvent avec des chiens-assis, recouverte de petites tuiles plates comme la grange tandis que la toiture des autres dépendances était en tuiles creuses.

La grange-étable était la partie essentielle des bâtiments d’exploitation. Elle abritait le fourrage, servait de remise et souvent comportait un cuvage.

L’étable hébergeait le cheptel, quelques vaches (4 à 6) et leurs veaux, alignés le long de la mangeoire et du râtelier.

La maison d’habitation avait trois niveaux :

Au rez-de-chaussée, l’entrée centrale donnait d’un côté vers la cuisine et de l’autre côté vers la salle à manger (qui ne servait que pour les grandes occasions).

Les Rigodanches

A l’étage, deux pièces : la chambre et un grenier où étaient entreposés du blé, les noix à sécher, les pommes (les denrées au sec et à l’abri des souris).

Au-dessus, dans les combles, un second grenier était accessible par une échelle de meunier.

Souvent, un appentis – "la souillarde" – communiquait avec la cuisine. C’était une pièce non chauffée, on y entreposait le saloir, les jarres d’huile, le lait, la crème, le beurre, les légumes et autre alimentation. Enfin, il y avait la chambre de four avec le four à pain.

Dans les maisons, plusieurs générations vivaient ensemble.

Les femmes avaient des robes longues, portaient souvent une coiffure sur leurs cheveux attachés en chignon, il n’y avait pas de coiffeur mais pour les hommes dans les villages il y avait toujours un barbier.

Tous, enfants et adultes étaient chaussés de sabots en bois.

Les jeunes filles, en gardant les vaches, les oies…tricotaient ou en profitaient pour broder leur trousseau avant de se marier.

L’eau n’était pas au robinet, il fallait la tirer au puits avec un seau suspendu à une chaîne ; il y avait aussi des fontaines publiques où chacun venait se servir.

Quatre lavoirs ont été construits entre 1900 et 1910 (Sacquarts, Les Charmes de la Fontaine, Rif de Cros aux Rigodanches, Villefranche). L’eau courante à Mons date de 1952.

Le linge n’était pas lavé comme de nos jours ; il y avait des journées de lessive, les lavoirs ont bien facilité le rinçage des draps. Les familles aimaient avoir les armoires pleines de linge.

Pour se débarbouiller le visage et les mains, on utilisait une cuvette et pour la grande toilette, il existait des baignoires en zinc. Pas de WC dans la maison, on allait dehors, parfois dans une cabane au fond du jardin ou dans les écuries.

Un fourneau à bois servait au chauffage et à la cuisine.

On s’éclairait avec des lampes à pétrole, l’électricité ne fut installée à Mons qu’en 1929.

Pour les articles ménagers et autres, les gens s’approvisionnaient essentiellement aux foires et marchés.

La nourriture venait directement de la ferme, tout était bio, on n’avait pas besoin d’étiquettes pour le préciser ! La chasse et la pêche faisaient souvent un bon complément. En début d’hiver, dans de nombreuses familles, on tuait un cochon qui était débité sur place, la viande était conservée dans le sel, dans des pots en grès.

On tuait aussi sa volaille et avec le sang, on se préparait une "sanguette" !

On se nourrissait beaucoup de pain, de soupe, de légumes (pommes de terre, haricots), de beurre et de fromage blanc ; pas de yaourt, ni de petit suisse ou tout autre fromage emballé.

Le chocolat en tablette restait une gourmandise, il y avait une image à l’intérieur de l’emballage que les enfants collectionnaient.

L’orange était le cadeau de Noël.

On buvait du lait, du vin, de l’eau, de la gnôle (de raisin ou de prune), pas de soda, de coca !

Les dimanches ou jours de fête, il y avait parfois au menu un gâteau préparé à la maison bien sûr ; il n’y avait pas de glaces, les gens n’avaient pas de frigo, les aliments étaient conservés dans des garde-manger placés dans les endroits les plus frais de la maison. On descendait aussi au frais dans le puits des aliments placés dans des paniers. Le pain était préparé et cuit dans le four à pain, par chaque famille.

On naissait à la maison, on mourait à la maison. On se mariait souvent dans le village.

Un bon nombre des exploitants étaient propriétaires.

Enfants de Bonnat vers 1910

null

Joueurs de cartes à Bonnat en 1900

null

C’est le travail qui gérait le quotidien de nos ancêtres, on ne se posait pas trop de questions, l’important était surtout d’avoir du pain sur la table.

Les gens travaillaient beaucoup en famille : les cultivateurs, les meuniers, les artisans.

Puis après la guerre, les techniques de travail ont évolué, il y a eu une ouverture vers l’extérieur ; certaines personnes sont allées travailler en usine ; on pouvait prendre le train (la gare de Randan a ouvert en 1931) puis les cars.

Voilà comment avec le temps, la patience, le courage de nos ancêtres, nous pouvons vivre aujourd’hui dans des maisons avec tout le confort possible, être au courant des actualités en temps réel, voir au travers du petit écran des paysages et des gens du monde entier, pouvoir communiquer en quelques clics sur Internet.

Mais c’est toujours la terre qui nous nourrit, et ce sera toujours l’amour qui nous fera naître et aimer la vie.

Martine Rougier
Sources bibliographiques
- Archives municipales de Mons - Archives départementales du Puy-de-Dôme - Archives personnelles.
- Brochure sur l’Ecole de Mons (2ème édition - 2015), disponible en mairie.
- Merci à tous ceux qui m’ont apporté des informations utiles pour la rédaction de cet article.